Essma Ben Hamida, co-fondatrice d’Enda s’est vue décerner « le prix d’Excellence de la Femme Arabe » de l’année 2019 par la Fondation « Takreem » lors d’une cérémonie à distance tenue à Beyrouth le 29 novembre 2020. Ce prix reconnait sa réussite exceptionnelle dans les domaines de la performance économique et sociale, l’impact positif de son travail sur la société, l’innovation et la promotion de la culture entrepreneuriale principalement auprès des jeunes et des femmes marginalisés.
Ce prix couronne le parcours personnel et professionnel d’une femme entrepreneure sociale, innovatrice et visionnaire. En effet, Essma Ben Hamida a co-fondé avec son mari Michael Cracknell, l’ONG enda inter-arabe qui a introduit pour la première fois en Tunisie la micro-finance selon les bonnes pratiques internationales, permettant ainsi aux populations à faible revenus exclues du système financier classique à accéder à des services financiers. Cela leur permet de créer, ou de développer, une micro-entreprise qui leur assure des revenus décents en toute indépendance et d’améliorer leurs conditions de vie.
Basée au Liban, la Fondation « Takreem » honore chaque année et depuis dix ans, « les femmes et les hommes arabes qui font l’histoire à leur manière et dans leurs domaines ». Malgré les soubresauts par lesquels passe le Liban, Takreem, fidèle à sa mission a tenu à célébrer cette année les « héros oubliés » dans leurs pays ou dans la région, au cours d’une cérémonie télévisée par LBCI et où les lauréats ont participé par skype en raison de la pandémie du Corona. Douze femmes et hommes ont été primés dans les domaines de la culture, de l’éducation, des sciences et de la technologie, de la protection de l’environnement et du développement durable ainsi que des actions humanitaires.
Fondée en 2009 par le libanais Ricardo Karam, Takreem, s’est entourée de plusieurs personnalités arabes et internationales dont entre autres la reine Noor Al-Hussein de Jordanie, la diplomate Palestinienne Hanen Ashrawi, l’activiste libanaise Nora Joumblatt, l’écrivain français Marc Levy ou les Tunisiens Rafik et Lamia Ben Ayed ainsi que Elyes Jouini.
Exprimant sa fierté devant cette distinction, Essma Ben Hamida considère ce prix comme étant un facteur précieux de motivation et d’encouragement aux 2 000 employés de Enda tamweel et Enda inter-arabe, à qui elle adresse sa reconnaissance et ses remerciements.
Essma Ben Hamida saisit cette opportunité pour inviter les générations futures de la famille Enda à faire preuve de plus de créativité et d’innovation pour instaurer à travers l’inclusion financière et l’appui à l’entreprenariat, un nouveau modèle économique plus juste et plus équitable pour les femmes en général, les femmes rurales en particulier, et les jeunes en situation de chômage.
Géographe/historienne de formation, Essma Ben Hamida a commencé sa carrière en tant que professeure de lycée et journaliste/reporter à la chaîne de télévision tunisienne. Elle a été la première correspondante et chef de l’Agence TAP aux Nations Unies à New York, ensuite correspondante de l’agence de presse du Tiers monde, IPS et de la Fondation internationale pour un autre développement couvrant les activités des agences de l’ONU basées à Rome (FAO, FIDA et PAM). Au cours de ses 12 années en tant que journaliste internationale, elle a visité des projets de développement dans plusieurs pays du tiers monde de l’Amérique latine, à l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient, interviewé des populations exclues et rendu compte de leurs conditions et de l’impact des programmes de développement sur eux. En 1986, une année avant la première Intifadha, elle a visité les camps de réfugiés en Jordanie et en Palestine occupée, interviewé des Palestiniens et publié un livre sur leurs conditions sous le titre « Behind the Palestinian uprising ».
Elle a reçu plusieurs prix nationaux et internationaux, dont la distinction « Entrepreneur social d’exception au Moyen-Orient et en Afrique du Nord de l’année 2010» par la prestigieuse Fondation Schwab et le Forum économique mondial.
En 1990, elle est retournée en Tunisie avec son mari, Michael Cracknell, pour lancer l’ONG internationale, Enda inter-arabe, qui a créé en 2016 une société de microfinance, Enda Tamweel spécialisée dans le micro-crédit et la micro-assurance.
Devenue une référence dans le micro-crédit, Enda, qui fête ses 30 ans en 2020, a largement contribué à la réussite de l’inclusion financière et sociale en Tunisie et dans le monde arabe. Aujourd’hui, Enda tamweel dispose de 102 agences sur tout le territoire tunisien qui ont servi un cumul d’un million de micro-entrepreneurs-es, dont 60 % de femmes vivant dans les zones urbaines et rurales défavorisées de la Tunisie.
En 25 ans, Enda a accordé plus de 3,6 millions de prêts d’une valeur de 5 500 millions de dinars. Aujourd’hui, elle compte 400 000 « clients actifs » (ayant un prêt en cours) et emploie environ 1950 employés notamment des jeunes diplômés. L’ONG, Enda inter-arabe, avec 50 employés se consacre désormais aux activités d’accompagnement et d’appui de ces entrepreneurs, à la conscientisation et l’éducation des femmes pour favoriser leur autonomie et à la diffusion de la culture entrepreneuriale auprès des enfants et des jeunes, leur permettant de se lancer dans l’auto-emploi et de sortir de la spirale de la pauvreté, la vulnérabilité et le chômage.